Saturday, July 4, 2009

Du principe d'incertitude

Le clair et l'obscur se rejoignent pour former
"la triste opacité de nos spectres futurs". (*)

Le poème est cette divinité suprême et inexistante
Suprêmement présente et réellement absente
N'existant que par le signe et par le rythme.

Il est là pour remplir le chaos de ses mots
Et créer, ex nihilo, un sublime fléau,
Qui soit sien bien qu'il ne soit rien
Pour se perdre dans les méandres des flots,
Les grands vides laissés par les dieux en fuite.

Silence ! le silence va au-delà des mots
Pour les faire disparaître ou les faire renaître.
Le visage rie ou pleure,
Les choses ne sont pas ce qu'elles sont,
Ni les mots ce qu'ils sont.

Les mots appellent aux mots pour s'enfuir,
Annoncer le sens pour s'en départir,
Ils annoncent la mort de la création,
Comme la création de la mort.

Sang, larmes, encre, cri,
Écriture et déroute, mystères des prophètes
Disparus, trahisons, échecs et bruits

Miroir, chevelure, parure, nudité,
Corps de la femme, monts et forêts secrètes,
Musique de la danse, astéroïdes, aspérités,
Le voyage, la mer, le ciel, le soleil et la terre,

Je sais l'horreur de l'être, le manque et l'absence,
L'être est partiel, le non-être, total,
La nostalgie de l'être jusqu'à son non-être,

Hamlet, le rêveur des noires merveilles du monde,
Hésite devant le crime,
Fait le vide autour de lui
Pour ne jamais jouir d'une solitude fatidique.

Vivant, je dis ma mort
Car mort, je ne pourrais plus dire ma vie.
Aux tranquilles désastres ne survit qu'une vaine agitation,
Aux rives du désespoir, on s'y plonge sans passion.

©2009 Marwan Elkhoury
(*) Toast funèbre, Stéphane Mallarmé

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