Thursday, July 2, 2009

Il faut oublier les mots

Je n'ai de cesse de parler
Le temps d'oublier
Avant de m'effacer
L'écriture de mon corps à travers mes peines
Le don de l'existence tragique,

Je n'ai de cesse d'écouter
Le temps de me rappeler
Avant de disparaître
La plainte des mourants dans les battements de mon coeur
Les chants de la musique mystique,

Je n'ai de cesse de chanter,
Le temps d'écouter
Avant de me perdre
Le son d'une guerre lointaine au-delà des plaines
Les bruits de fer sur l'asphalte caustique,

Je n'ai de cesse de boire
Le temps de me désaltérer avant de m'enterrer
L'eau-de-vie et le vin des coteaux,
Rêves de nuits orphiques,

Je n'ai de cesse de naître
Le temps de renaître avant de m'éteindre
Le cri du bébé à sa mère éplorée,
Rêves de libertés ludiques,

L'orage au loin gronde,
Les passants se pressent de rentrer
De peur d'être trempés,
De peur de s'être trompés,

L'orage se rapproche, sombre,
La rue se fait silencieuse,
Quelques oisillons sur les branches chantent encore
La nuit peu à peu tombe,
La pluie fait le vide, nettoie la rue et le monde

L'orage maintenant plus fort, tonne
Les feuilles des arbres à présent frémissent
Les fenêtres frappent et les portes claquent
Il est temps, il est temps
Pour moi aussi de rentrer et de m'enterrer,

Une petite fille, suivant son ombre,
Dans la rue, saute encore sur une corde,
Elle est gaie, d'une gaieté qui reflète son ordre
Ignorante du danger et des trombes

Et pourtant je n'ai de cesse
Je n'ai de cesse
De cesse je n'ai
Il faut oublier les mots

©2009 Marwan Elkhoury

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