C'est par une infime erreur de parcours,
Que je dois ma naissance,
Par une infime absence,
Que je dois mon existence.
Et de cette infime horreur est née cette vérité,
Comme par une infime coïncidence,
Le monde existe.
Et sans cette infime différence,
Rien n'aurait été.
Lorsque je sais, qu'à chaque instant, je pourrais,
Je pourrais cesser d'être,
Cesser, pour le moins, d'exister
Ou être autre, ce rayon de soleil sur ton visage,
Un baiser sur tes lèvres, ton sourire, tes yeux si bleus,
Ta poitrine ferme, ta taille gracile, ton pubis,
Un papillon de nuit, un rubis,
Ta chevelure blonde qui tombe sur tes fines épaules,
Et pourtant, je ne suis que ce que je suis,
Et pas autre chose,
Quoique si tu m'avais regardé
Plus longuement, plus intensément,
J'aurais pu être autre que ce que je suis,
J'aurais pu être ce regard, j'aurais pu être cet amour,
J'aurais pu être ce sourire, ou ce papillon sur ton pubis,
Un baiser sur tes lèvres, tes yeux si bleus,
La vague sur la plage, le vent dans tes cheveux,
Ne sommes-nous pas tous, de ce fait, une erreur
Et de cette erreur, n'en expions-nous pas, tous, la faute,
Tout le restant de nos jours,
Une faute que nous n'avions pas commise,
Mais comme tous ceux qui nous précèdent,
Nous la perpétuons avec allégresse
Peut-être pour en exorciser le mal ou la culpabilité,
Et nous permettre de reprendre notre souffle,
Pour respirer avant que d'expirer.
Mais maintenant que je suis, que nous sommes,
Qui suis-je, que sommes-nous,
Comment d'une telle inattention, d'un tel hasard,
Pourrait naître une telle nécessité.
Et déchirant le silence de la nuit,
Le coq chante, je me rappelle à la vie,
Je me tâte, tâte les draps, je me dis,
Ce n'était qu'un mauvais rêve,
Mais le réveil est pire, puisqu'il me rappelle à moi,
Il me rappelle à ce que je suis et à ce que je ne suis pas,
À ce que je ne serais jamais, à ce que je ne pourrais jamais être,
Il me dit, voilà, il me dit réveille-toi,
Je lui dis, tais-toi, je lui dis, laisse-moi,
J'enfouis ma tête sous les draps pour renaître
À de nouveaux rêves, à de nouveaux êtres.
© 2009 Marwan Elkhoury
Lettre A Pierre
2 weeks ago
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