Monday, September 28, 2009

L'étranger

(Où suis-je, d'où suis-je, qui suis-je, suis-je ?)

C'était bon de sentir la sueur de l'été
Couler sur nos corps éreintés.
Nous nous sommes revus chez nous
Là où nous n'avions jamais été
Ni cet été ni cet autre été.

L'été glissait sur nos corps.
Sa langue rafraîchissait mes lèvres.
Pendant un long moment, et dans un long corps à corps,
Nous nous sommes, dans la vague, roulés à corps ouverts.

Plus tard, sans doute, la mer me manquera
La lumière, les baisers, et les chants de l'amour,
La haine, les jalousies, les trahisons et le tralala.

Mais dans cette nuit chargée d’étoiles et d'ondes,
Je m’ouvrais, pour la première fois,
A la tendre indifférence du monde.

De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel, en sorte,
Je sentais que j’aurais pu être heureux, ma foi,
Dussè-je bien vouloir le vouloir.

Mais en fait, que faire ? Le monde est sans issue.
Quoi que l'on fasse, nous sommes toujours fautifs,
Fût-ce déjà de celle d'être issu.

Tout nous condamne. Il ne suffit pas d'accepter.
La révolte, ce geste sublime et furtif,
Reste l'ultime recours aux chétifs.

Pour que tout soit consommé,
Pour que je me sente moins seul,
Il ne me reste qu'à souhaiter

Qu'à ma mort, du moins,
Qu’il y ait plus de spectateurs
Que de mon seul vivant.

Et qu'ils me saluent avec moins de haine ou d'indifférence
Que lorsqu'ils me rencontrassent par hasard
Au détour d'un chemin ou sous un lampadaire bâtard
Lorsque je traversais leur champ par un hasard de circonstance.

©2009 Marwan Elkhoury

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