Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage,
Qui eut pu, si les dieux l'eussent voulus, lui être fatal,
Et s'en est retourné, sain et sauf, dans son Ithaque natale.
Heureux qui comme Ulysse a fait un grand voyage
Vivre auprès de Pénélope, en son vieil âge,
Quoique, en son veuvage, fut aussi fidèle que volage.
Heureux qui comme Ulysse a fait un fier voyage
Se battit contre des Géants et gagna sans visage.
Habitué aux malheurs, bravant les présages,
Recherchait l'impossible et les affronts d'orage,
Pour ne pas être reconnu des siens,
Ulysse ne reconnut plus rien, et devint
Personne et personne ne le reconnut.
A la vérité, effacé des réalités,
Il vécut dans l'ailleurs, et depuis, confronté
A ce monde de nulle part, il voulut l'affronter
Ce monde et le monde des humains.
Il éclaira le Tartare,
Refusant d'avaler le nectar
Ne buvant l'ambroisie
Pour ne pas sombrer dans l'aphasie.
La lumière se tue et disparut enfin
Dans le néant de la mort, à mi-chemin,
Le saisissant dans ce monde de nulle part
Où le menait, au-delà de l'humain,
Les dieux, aux monts Olympiens.
L'infini le réclamait pour l'immortalité
Au lieu de cela, c'est la mort qu'il souhaitait,
Etre soi et disparaitre pour exister
Plutôt que l'immortalité dans un éternel paraître.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage
Puis s'en est retourné vers son pays natal
Se demandant, mais pourquoi tous ces ravages
Pour une belle Hélène pourtant bien trop fatale.
©2009 Marwan Elkhoury
Lettre A Pierre
2 weeks ago
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