Wednesday, June 3, 2009

Poussières d'étoiles

Comme pour toujours, je vais disparaître,
Comme si jamais rien n'était apparu,
Comme si jamais rien n'avait existé,
Comme si jamais n'avais ni rien senti ni rien vu,

Mais avant qu'à jamais, je ne disparaisse
Je voudrais bien qu'apparaisse
Quelqu'infimes particules de cette poussière d'étoiles,
Poussières de mondes, caresse de déesses,
Qui, sur moi et sur ma peau, se déposeraient,
Pour m'imprégner de sensations et de pensées,
De saveurs, de goûts et d'odeurs,
Dans le plus intime de mon corps et de mon coeur,

Ces flux des dieux, poussières de paradis,
Pour m'étouffer, m'éblouir et m'annihiler,
Me donner la connaissance d'un parfum d'incendies
Plaisamment transformé, par tout un peuple immonde, en voluptés,

Ô Satan, dieu miséricordieux, délivre-nous du banal,
Envoie-nous ton fils pour nous libérer du mal
Enivres-nous des plaisirs des amours fatals,
Donnes-nous la vie éternelle, auprès duquel
La damnation des dieux nous sera légère,
Les travaux à perpétuité, au coeur de nos querelles,
Une chimère;

Ô Satan, puisque l'enfer est notre destin,
Permets-nous au moins d'en faire un festin,
Un puits de jouvence, un siècle de lumières,
Pour voler au-dessus des dieux, humbles et fiers.

Nous mélangerons nos esprits au sel de la mer
Pour sonder les méandres de nos passions
Et confondre les angoisses de nos chères affaires
Auprès des dieux en rébellion.

Si je meurs demain, qu'aurais-je apporté
De ce que j'ai reçu,
Qu'aurais-je laissé
Au monde de ces ambitions déçues,
Rien que des rêves d'empires déchus,
Rêves de gloires dérisoires,
Rêves de conquêtes éphémères,
Ces rêves du rien, du rien qui est dans tout,
Et rêver le tout qui n'est dans rien.

Comme le vent qui souffle dans les feuillages,
Pour répandre le pollen parmi les nuages,
J'aurai semé une nuée de poussières dorées,
Sur un monde qui n'aurait jamais dû exister.

©2009 Marwan Elkhoury

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