Monday, January 12, 2009

Ma ville. Quelle ville ?

La ville. Quelle ville ? Petite, dense, laide, certes, oui, laide, bien laide, sauvage, nauséeuse et nauséabonde. Quelle est cette ville que je ne reconnais plus mais que je reconnais ne pas reconnaître. Je l'ai connue mais ne peut me remémorer quand, comment et ce quoi que je connaissais mais ne peut reconnaître à nouveau. Chaque fois que je mets les pieds dehors, je me perds. Tout change. Des quartiers entiers sont rasés, démolis, défigurés. D'autres émergent des ruines, des hommes fouinent dehors comme des rats, à la recherche d'objets familiers, des cahiers, des draps, des casseroles, des habits, des billets de banque, et ne trouvent que poussière et détritus, fers tordus, amas de pierres ou de parpaings. les rues ont disparu. A la place, des monticules de pierres, d'objets animés inanimés, des lambeaux d'habits, des tissus élimés. L'atmosphère est irrespirable. Mes pas sont lourds. Mes yeux pleins de poussière. Mes poumons étouffent. Allez. Peut-être qu'en faisant un effort, en pensant fort, en y pensant et repensant pendant longtemps, pendant longtemps encore, peut-être pourrais-je construire ou reconstruire ce que je reconnais ne pas reconnaitre mais avoir connu un jour et qui a disparu de ma mémoire, reviendra sûrement car rien ne s'efface, non, rien, depuis les temps immémoriaux, sont là, quelque part là, logés à une autre enseigne, je ne sais où, tout est là, mais il faut le chercher pour le trouver, ou le trouver pour le chercher. Indice par indice, signe par signe, objet par objet, du hasard à la nécessité du signe et de l'objet. Où est la ville ? Quelle est cette ville ? Je sais qu'elle existe. Elle existe car je sais qu'elle existe. Il suffit que je la pense pour qu'elle soit et qu'elle ait été. Je la devine, je la sens. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Là, proche, lointaine, hautaine, vague, perdue, retrouvée dans les ruines, parmi les pierres qui s'amoncellent, je la reconstitue, pierre par pierre, il n'y a pas de cartes, il n'y en a jamais eu, sans plans, sans pans. Elle s'est faite, défaite et reconstruite, comme cela, sans plans, sans vision. Regroupe des êtres hétéroclites qui s'assemblent sans s'aimer ni se ressembler. Un jour il y aura, un jour il y a eu, non pas une ville mais deux villes, mais trois, quatre, une infinité de villes, de villes dans la ville, chaque rue étant une ville dans la ville, chaque balcon, chaque appartement, chaque chambre, une ville dans la ville, chaque être ou n'être-pas, une ville dans la ville. Entre la ville et la ville, un abîme, deux ou plusieurs les séparent, des rochers, des récifs, des mers, des montagnes, des précipices innommables, insondables. Etroits d'abord, qui, peu à peu, s'élargissent pour devenir des mers, des océans, habités par des mammifères marins, terrifiants, terrorisants, assoiffées d'eau, de bleu, de soleil et de sang. La ville, comme l'univers, en expansion permanente, intégrant de nouveaux espaces tout en se désintégrant au fur et à mesure de son expansion.

On pourrait y vivre. On y vit. On n'y vit pas. Quelques uns mais pas tous. Pas partout. Pas sur toute la ligne. On y survit. Jour après jour, nuit après nuit, heure après heure, minute après minute, seconde après seconde, quelques instants furtifs. Certes. On y meurt surtout. Une ligne qui se déplace aux grès du vent, des jours et des nuits, des victoires, des échecs et des trahisons, des abandons et des poursuites. Ville-dédale, ville-dépôtoir, ville-ordure, ville-pute, ville-terrain de jeux de petits enfants trop mûrs pour leur âge qui jouent dans la cour des grands avec des armes empruntées à leurs papas, ville-chicane. Des garçons en armes qui jouent aux cow-boys et aux indiens dans les rues de la ville. C'est la guerre. Grâce à la guerre. La ville comme champ de bataille et comme chant de gloire. Des rues, noyées de pluie, de poussière, de bruit, de saletés, de détritus, de gravats, de sacs de sables, d'obus, de voitures calcinées, dont il ne reste que carcasses rouillées, de corps criblés de balles, noircis, brûlés, gonflés, putréfiés, crucifixions héroïques et inutiles. Dès qu'on gratte ou qu'on fouille la couche de terre, on retrouve les vestiges de villes similaires à la nôtre, partagée, brûlée, ville dans la ville, abîmes, rochers, récifs, mers, montagnes, précipices innommables, insondables, abîmes devenus mers, océans habités par des mammifères assoiffées d'eau, de bleu, de soleil et de sang. Et si l'on gratte encore et encore et encore, on retrouve, couche après couche, ville après ville, villes après villes, abîmes après abîmes, rochers, précipices, mers et océans, ad infinitum, ad nauseum. Lumières de la ville, étoiles, phares, soleils. Absurde. Il y a encore des vies, ici ou là. Inutiles. Encore. De moins en moins. Tout s'éteint. L'obscurité éteint la lumière, une balle trace la ligne de l'obscurité à la lumière. La guerre ne s'arrêtera jamais, sauf si, sauf quand toutes les lumières s'éteindront d'elles-mêmes ou aidées par une main amie, de plus en plus faible, jusqu'à disparaître. Dans le noir, la peur de soi, des autres. La lumière fut la guerre. L'obscurité sera la paix.

© 2009 Marwan Elkhoury

Un problème au coeur

Le docteur me dit : "monsieur, vous avez quelques anomalies au cœur. Il faudrait voir un cardiologue".
Je lui réponds : "mais docteur, juste quelques anomalies au cœur ! Je m’étonne que vous n’en ayez trouver qu’au cœur et pas ailleurs. Il doit y avoir quelque chose d’anormal dans votre diagnostic" (ou quelques anomalies dans votre diagnostic).
« mais, monsieur, » dit le docteur, « c’est un problème au cœur que vous avez. Je vous conseille vivement et expressément de voir au plus vite un cardiologue ».
Je lui réponds : « docteur, avoir un cœur et n’avoir pas de problèmes, ce n'est pas une anomalie, docteur, c’est une aberration »

© 2009 Marwan Elkhoury

Est-ce que tout problème a une solution ? Réponse: ça dépend !

Question : est-ce que tout problème a une solution ?
Réponse: ça dépend.
De Gaulle. Il y a certains problèmes politiques qui n’ont pas de solutions.
Je dirais que toute solution a un prix. est-on prêt à le payer ?
Notre problème (de qui ? à remplir la case blanche par le problème que vous vous posez: par exemple, Liban, Palestine, le problème de couples, etc..., etc...) a-t-il une solution ?
Sommes-nous capables de trouver une solution ?
Sommes-nous prêts à en payer le prix ?

En mathématiques, la résolution d’un système d’équations multiples à inconnues multiples dépend du nombre d’équations, soit m, et du nombre d’inconnues, soit n. Cela dépend aussi de deux autres critères : (1) le critère de consistance et (2) le critère d’indépendance fonctionnelle.

Supposons qu’on ait m équations et n variables ou inconnues. Il existe différents cas :
1) m>= n ;
2) m<= n ;
3) m = n ;

1) si m< n, il y a en général soit aucune solution soit une infinité de solution.
2) Si m=n, il y a soit aucune solution (si inconsistance), soit si le système est indépendant, une solution unique, soit si le système est dépendant mais consistent, une infinité de solutions.
3) Si m > n, ça dépend. Si les équations sont consistantes, il pourrait y avoir une infinité de solutions ou une solution unique.

Comment prouver l’inconsistance ? Il faut procéder équation par équation et procéder par étapes, en éliminant une à une les variables pour voir si le système est consistant ou inconsistant.

Si la relation n’est pas linéaire, on peut linéariser le système ‘autour’ d’un point d’équilibre ou d’un point stable (steady state). Si le système n’est pas en équilibre ou loin d’un point d’équilibre, on ne peut linéariser le système et cela devient impossible de résoudre le système de cette manière. On peut trouver des solutions empiriques mais non théoriques, en procédant par différentes méthodes de recherche des points d’équilibre.

Il y aurait certains problèmes qui seraient sans aucune solution directe. Pour toutes ces questions insolubles, on aurait inventé dieu.

© 2009 Marwan Elkhoury

Friday, January 2, 2009

Le Christ est né à Gaza un jour de décembre 2008

- mais que s'est-il passé aujourd'hui ?
- rien, à ce que je sache.
- comment rien ?
- mais, rien du tout, je te dis. Des bagatelles !
- comment cela ? Mais, et ce que j'ai vu à la télé ?
- qu'est-ce que tu as vu à la télé ?
- ces images d'un massacre.
- oui, il y a eu 400 morts à Gaza. Et alors ?
- et alors ! mais ces 400 morts, avant qu'ils ne soient devenus morts, étaient vivants, étaient des vivants.
- oui, des vivants, et alors ?
- et alors, et alors, ils ne sont plus.
- c'était ... des vivants ... en sursis.
- et ils ne sont plus !
- oui. Ils ne sont plus ... en sursis.
- Ils ne sont plus, du tout !
- Oui, ils ne sont plus ... du tout. mais, ... comme je te disais, il ne s'est rien passé, rien du tout. Des bagatelles !
- mon dieu, mais c'est une catastrophe alors !
- comme je te le disais. Il ne s'est vraiment rien passé, répondit-il.
- mon dieu, quelle horreur, murmura-t-elle !