Saturday, December 25, 2010

Je n'ai toujours pas compris pourquoi j'existe

Je n'ai toujours pas compris pourquoi j'existe
Ni pourquoi le monde existe.
Parfois, c'est un fait indéniable qu'il existe,
Et qu'il a ses raisons que la raison n'a pas.

Je marche à l'ombre des figuiers en fleurs
À la recherche des étoiles filantes
Et des âmes mouvantes.

Je cherche les vents d'est en ouest
Pour retrouver les chemins des essences
Et des amours en restes.

Je devine la parole inaudible de l'aimée
Quand l'amour se lie mais ne s'exprime pas.

Hier encore j'ai reçu une lettre
Dont les signes noirs sur des lignes de feu
Illuminent des mots que je ne comprends guère.

Les enfants jouent à la guerre des amants.
Au petit matin, main dans la main,
Ils lèchent les vitrines du monde fébrilement.

Mon dieu, quand et comment que tout cela se termine ?
Quand j'aime, il faut qu'il pleuve
Les larmes que tu refuses de sécher.

L'amour, quand est-ce que je le découvrirai ?
Peut-être, après la vie ?
L'amour, cet esprit,
Quand n'y est plus l'esprit.

©2010 Marwan Elkhoury

Monday, December 6, 2010

La belle endormie

Le jour est une nuit sans fin
La nuit une étincelle de lumière.
À l’origine des mots, peut-être un bonheur,
Mais à la fin des mots, sûrement, le malheur.

Mais alors pourquoi les mots,
S'ils ne peuvent traduire que mes maux ?
Mais alors pourquoi les maux,
Qu'à faire oublier les heures ?

Je t'attends depuis le début des temps,
Mais depuis que je t'attends
Tu prends tout ton temps
Pour ne jamais venir pourtant.

J'ai parcouru les cimes enneigées
Dans la poussière des chemins.
J'ai bu l'eau des sentiers battus
Sur des lits de rivières asséchées.

J'ai demandé au jour s'il te connaissait
Et à la nuit si elle t'avait aperçue
J'ai demandé au soleil s'il t'avait vue
Et à la lune si elle t'avait éclairée.

J'ai traversé les lignes de démarcation
Pour comprendre les signes des scissions,
J'ai traversé les immenses terres
Pour comprendre le sens des mers.

Mais tous, le soleil, la lune, le jour comme la nuit
M'ont répondu qu'ils n'avaient senti
Ni souffle ni âme qui vive
De la belle endormie.

©2010 Marwan Elkhoury

Friday, November 5, 2010

Je n'ai pas peur de partir

Je n'ai plus l'âge des regrets.
Dès l'aube demain  je partirai,
Je hisserai les grandes voiles
Dans la poussière des étoiles.

Je n'ai pas peur de partir
J'ai peur pour ceux qui restent
Je suis mon déclin dans le nadir
Et porte mes pas vers l'est.

Chaque respiration expire dans le noir
Chaque goutte de mon sang chante ta chanson
Chaque geste plonge dans ta mémoire
Chaque pensée décrit ta beauté profonde.

Au petit matin, main dans la main,
Nous partirons,
Et dans le creux de ta main,
Nous marcherons.

Dans le pli de ton sein,
Un dernier baiser, je poserai,
Qui te rappellera demain,
Combien je n'ai vécu,
Que pour ton destin l'épuiser.

©2010 Marwan Elkhoury

Tuesday, October 19, 2010

Nostalgia

Je vis des nuits sans jours
Parmi des temps sans amours.
Les fenêtres s'ouvrent sur le rien de ma vie,
Comme ces regards qui fuient dans le vide.

Y a-t-il un temps où je fus
Où le temps ne s'arrêtait
Faute de temps pour l'être.

De ce soleil du matin sans rayons
Je revois le crépuscule de tes lèvres
Qui dessine la peine au bout du crayon,
Comme un diamant noir au fond de tes rêves.

Tu étais là sans l'être
Dans la plus grande souffrance de l'être.
Les plus grands moments de ta vie
L'étaient de vivre pleinement ta mort.

Il y a encore l'effroi
Qui donne vie à ton regard
Et pour redonner vie à tes doigts, le froid.

Je regarde à nouveau un ciel sans ciel,
Où les cieux se sont évaporés.
Ton visage prend la couleur du miel
Mais tes lèvres se sont décolorées.

Quand je lève ma main de ta main
Je me plonge dans le bel incertain.
Le soleil se couche derrière moi,
La pâle lune se lève près de moi.

Le cri s'efface, ébloui,
Et ma langue s'abstrait dans la nuit.
J'admire l'impact de l'ouie
Quand je fais l'éloge des bruits.

Là où nous nous promenions, seulement,
Parmi l'églantier et le romarin,
Les ornières découvrent gaiement,
Les riches heures de la fin.

© 2010 Marwan Elkhoury

Wednesday, March 3, 2010

Je suis assis ici et j'écris ces mots

Je suis assis ici et j'écris ces mots
Quelqu’un les lira-t-il un jour ou pas
Quelqu'un saura-t-il ou pas
Toute l'horreur de ce que j'ai vécu,

Les bombes, les charniers,
Les visages émaciés,
Les membres décharnés,
Les corps piégés.

On n'entend plus rien.
Les tirs ont cessé.
Les avions sont repartis.

Là-haut, dans le soleil en feu,
Là-haut, le ciel est bleu.
Ne restent plus sur terre
Que brisures de candélabres et poussière.

J'aimerais que ça finisse, je veux m'enfuir
J'ai faim, j'ai soif, je n'en peux plus,
Les rats désertent le vaisseau perclus.
La mort est plus belle que la vie.

Nulle part où aller.
Les issues sont bouchées.
Les ailes sont broyées.

J'entends, au loin, quelques notes de musique
Elles donnent la cadence de la marche funèbre.
Elles permettent une danse tragique
Qui nous pousse, sagement, jusqu'à la tombe,
Par un petit vent doux qui souffle sur nos ombres.

©2010 Marwan Elkhoury

Wednesday, February 17, 2010

La vie après la mort

Nous la connaissons tous,
La vie avant la mort
Qu'y a-t-il à en dire encore.
Pas grand chose alors.

Qu'en est-il de la vie après la mort
La beauté imprenable de ses paysages,
Ses doux vallons et ses calmes pâturages,
L'air si pur, la nature si sauvage,

Les soleils de minuit, les jours comme la nuit
L'amour après la vie, les ébats sur le rivage,
La mort éternelle, les envies qui s'enfuient.

Ici le temps n'a plus cours
Comme tout se ressemble, et les nuits et les jours
Plus d'attente inquiete du jour qui s'en va
Plus d'angoisse à l'heure du crépuscule

Néant et éternité font bon ménage
Le temps ne fait plus de ravages
Assis indolemment sur la plage
Nous sommes épargnés de ses orages

Tout ce que nous savourons,
Nous le savourons à satiété.
Tout ce que nous respirons,
Nous le respirons à volonté.

Nous sommes ici pour toujours,
Memes si nos amours n'ont plus cours.
Nous sommes ici pour l'éternité,
Meme si nos atouts sont bien diminués.

J'ai tant d'amour à donner,
Tant de baisers à voler,
Tant de peine à verser
Tant de douleur à gagner,

Tant et tant de faiblesse pour mon corps
Qui n'est plus que poussière,
Malgre mes désirs qui grandissent
A mesure que mon corps s'adultère.

N'ai plus peur de la vague,
N'ai plus peur de la lune,
Ni du vent ou de la nuit,

Les dieux sont avec nous
Ils nous protègent
De tous les dangers
De tous les sortilèges.

Mais la mort me fait vomir.
Ce qui fait que la vie est la vie,
Une beauté comparable à nulle autre chose
C'est qu'elle est là pour si peu de choses,

Qu'il faut la boire, comme la ciguë, jusqu'a la lie,
Une cantate de Bach,un quintet de Schubert,
Un soleil de Van Gogh ou un air de Rembrandt
Puis frémir, frémir, frémir et puis dormir.

©2010 Marwan Elkhoury

Thursday, January 21, 2010

Qu'est-ce que je fous encore dans ce trou pourri

Rien ne me retient plus ici-bas,
Et pourtant je reste.

Je reste de peur de bouger,
Je reste de peur de partir,
Et qu'en partant, le peu qui me reste,
S'en aille aussi tout aussi vite.

Je ne suis pas d'ici, et pourtant,
Je reste ici sans bouger,
Les jours comme les nuits se succédant,
Les jours identiques aux jours se succédant,
Les jours identiques aux nuits se succédant.

À force de ne voir personne,
À force de ne parler à personne,
J'ai honte d'être ici,
La honte me déforme le visage,
Et j'ai peur que cela ne se lise en sortant.

Mais pourtant si je me décidais à sortir,
Chassé par la honte de mon trou pourri,
Chassé par la honte de ma solitude infinie,
Chassé par la honte de mon désespoir de vie,

J'entends, au dehors, les cris des enfants
Sortant de l'école et qui dansent et qui rient,
Pleins de vie et d'espoir de la vie qui les hante,
Une vie dont ils n'auront le temps d'y penser,
Une vie dont ils n'auront que faire d'y songer.

Ne voilà-t-il pas que je quitterais
Ce monde d'artifices et d'images
Pour un monde de fées et de mirages
Celui qui est pour lequel j'étais fait,
Contrairement à celui qui n’est pas qui me défait,

Un monde de tous mes fantasmes et de tous mes orgasmes,
Celui de femmes lascives et de chérubins angéliques,
De profonds océans et de cieux bénéfiques,
Dans lesquels s'y plonger et s'y perdre est si jouissif.

Allez, le monde existe bien autour de moi,
Plus d’un milliard et demi de chinois,
Et moi et moi et moi et moi, si plein d'émoi,
Si seul et si transparent,
Si frêle et si inexistant.

©2010 Marwan Elkhoury

Wednesday, January 20, 2010

Que sera sera

"Que Sera, Sera,
Whatever will be, will be
The future's not ours, to see
Que Sera, Sera
What will be, will be."

C'est notre dernier dimanche à être nous,
Demain, le temps nous passera dessus,
Demain, le temps passera sans nous
Demain, oui, le temps sera mais sans nous.

Prends encore ma main dans ta main
Et prends mon visage dans la paume de ta main
Permets-moi de te voir, de te sentir une dernière fois
Demain, tu ne seras plus là,
Demain, moi non plus.

Tu es là sur le quai,
Ruisselante de pluie
Je t'adresse un vague sourire
Pour une promesse de se revoir très vite

Sachant que tu ne pourras
Sachant que je ne pourrais
Plus jamais tenir
Ni ta main ni ta promesse.

Je prendrais le train pour aller nulle part
Fuir le temps qui me passe de part en part
Et voyager une dernière fois
Dans le paysage d'une belle.

Te regarder passer
Devant moi à toute vitesse
Et repartir gagné
Par le souvenir de ton sourire perdu.

Une goutte de pluie te mouille le visage
Ou je confonds la larme que tu aurais versée
Si la larme n'était pluie.

Il fait froid. Il fait nuit.
Je rentre dans un chez moi qui n'est plus
Celui que je prétends être non plus.

Pour me sentir ni trop seul, seul à seul,
Ni trop étrange de l'étrange qui m'étrangle
Ni trop perdu du temps qui me prends,
Je chantonne encore cette vieille rengaine,

"Que Sera, Sera,
Whatever will be, will be
The future's not ours, to see
Que Sera, Sera
What will be, will be."

©2010 Marwan Elkhoury