Thursday, August 27, 2009

Rien de l'abîme

Rien de l'abîme
La pureté du violon
Soyeux cristaux, longs soupirs
M'enveloppent de néant,
Je m'abîme.

Je crée mon univers de rimes
Là où les songes faillissent,
À hauteur de ces inaccessibles cimes,
je me hisse,
Là où les formes s'assassinent.

C'est selon
Les sanglots longs
Des couleurs et des rythmes
Pour assister à un pugilat mystique
De formes antiques.

Vraiment je ne comprends plus,
D'ailleurs qu'y a-t-il à comprendre
De ce que chaque chose a sa raison
Que la raison n'a plus.

Je ne suis plus ni d'ici ni d'ailleurs,
D’ailleurs, je ne suis de nulle part,
Je suis de ce pays qui n'existe pas.

Mon pays est celui de mes rêves,
Celui de mes errements et de ma sève,
Je viens de là où je ne suis pas,
Pour aller où, là où je ne vais pas.

L'écriture, comme seul subterfuge quand je n'ai nulle part où aller,
Le rêve, comme seul refuge quand je n'ai nulle part où pêcher
Seul le rêve est mon pays, que je vénère comme une traînée.

Je pars, oui, comme rien ne sert de rester.
Si je devais aimer, je ne serais pas aimé.
Mais il le faut, la vie est fausse mais elle foisonne,
Comme la mort est vraie mais elle moissonne.

©2009 Marwan Elkhoury

Friday, August 7, 2009

Hier encore aujourd'hui, j'étais, je ne suis plus

Le ciel m'a arraché à la plage,
Arraché au sommeil de mes larmes,
Pour me porter à travers les nuages,
Dans le froid glacial des absences intersidérales.

Je songe le jasmin de là-bas et la terre,
À travers les chemins du souvenir fêté,
Je sens les soleils de la mer,
À travers mon corps ruisselant de poussière.

Hier encore je marchais
Dans les lavandes de ma vie,
Je déplaçais les branches sans réveiller les ombres.

Hier encore je froissais
Le temps de ma vie,
Pour découvrir des horizons pleins de rosée de l'aube.

Hier encore aujourd'hui, j'étais, je ne suis plus.

Hier encore, je vivais,
Mouillé par une pluie d'étoiles qui me lavait.

Hier encore, je plongeais
Dans le bleu astral de l'été,
Nageant vers l'horizon pour rejoindre le soleil.

Hier encore, je voguais
Entre Thalassodendro et Spinalonge,
Pour sonder les fonds de l'amour impénétrable.

Hier encore aujourd’hui, j'étais, je ne suis plus.

Je suis plus triste que ma tristesse,
L'infinie tristesse de ma tristesse,
Je suis plus silencieux que mon silence,
Dans la nuit de mes souvenirs lointains,
Je suis plus lointain que mon lointain,
Dans le brouillard de mes nuits sans romances.

Ah si je pouvais encore être cet hier,
Un hier sans cet aujourd'hui,
Ah si je pouvais être cet aujourd'hui,
Un aujourd'hui sans lendemains maudits
Ah si je pouvais être ce lendemain,
Un lendemain sans hier ni aujourd'hui ni lendemain,
Ah si je pouvais être sans hier ni aujourd'hui ni lendemains.

Si je pouvais être sans être, aujourd'hui sans aujourd'huis,
Voire, ne pas être tout en étant, un lendemain sans lendemains,
Un hier sans hiers pour ne rien espérer ni regretter,
Rien qu'un éternel aujourd'hui,
Le temps d'oublier ces hiers déchirés,
Le temps de ne plus me souvenir ces lendemains haïs,
Et d'oublier l'oubli, le temps pour se rappeler l'insouvenir.

Ma vie a fini de vivre,
Je ressuscite dans la vie de ma mort,

©2009 Marwan Elkhoury