Thursday, January 21, 2010

Qu'est-ce que je fous encore dans ce trou pourri

Rien ne me retient plus ici-bas,
Et pourtant je reste.

Je reste de peur de bouger,
Je reste de peur de partir,
Et qu'en partant, le peu qui me reste,
S'en aille aussi tout aussi vite.

Je ne suis pas d'ici, et pourtant,
Je reste ici sans bouger,
Les jours comme les nuits se succédant,
Les jours identiques aux jours se succédant,
Les jours identiques aux nuits se succédant.

À force de ne voir personne,
À force de ne parler à personne,
J'ai honte d'être ici,
La honte me déforme le visage,
Et j'ai peur que cela ne se lise en sortant.

Mais pourtant si je me décidais à sortir,
Chassé par la honte de mon trou pourri,
Chassé par la honte de ma solitude infinie,
Chassé par la honte de mon désespoir de vie,

J'entends, au dehors, les cris des enfants
Sortant de l'école et qui dansent et qui rient,
Pleins de vie et d'espoir de la vie qui les hante,
Une vie dont ils n'auront le temps d'y penser,
Une vie dont ils n'auront que faire d'y songer.

Ne voilà-t-il pas que je quitterais
Ce monde d'artifices et d'images
Pour un monde de fées et de mirages
Celui qui est pour lequel j'étais fait,
Contrairement à celui qui n’est pas qui me défait,

Un monde de tous mes fantasmes et de tous mes orgasmes,
Celui de femmes lascives et de chérubins angéliques,
De profonds océans et de cieux bénéfiques,
Dans lesquels s'y plonger et s'y perdre est si jouissif.

Allez, le monde existe bien autour de moi,
Plus d’un milliard et demi de chinois,
Et moi et moi et moi et moi, si plein d'émoi,
Si seul et si transparent,
Si frêle et si inexistant.

©2010 Marwan Elkhoury

Wednesday, January 20, 2010

Que sera sera

"Que Sera, Sera,
Whatever will be, will be
The future's not ours, to see
Que Sera, Sera
What will be, will be."

C'est notre dernier dimanche à être nous,
Demain, le temps nous passera dessus,
Demain, le temps passera sans nous
Demain, oui, le temps sera mais sans nous.

Prends encore ma main dans ta main
Et prends mon visage dans la paume de ta main
Permets-moi de te voir, de te sentir une dernière fois
Demain, tu ne seras plus là,
Demain, moi non plus.

Tu es là sur le quai,
Ruisselante de pluie
Je t'adresse un vague sourire
Pour une promesse de se revoir très vite

Sachant que tu ne pourras
Sachant que je ne pourrais
Plus jamais tenir
Ni ta main ni ta promesse.

Je prendrais le train pour aller nulle part
Fuir le temps qui me passe de part en part
Et voyager une dernière fois
Dans le paysage d'une belle.

Te regarder passer
Devant moi à toute vitesse
Et repartir gagné
Par le souvenir de ton sourire perdu.

Une goutte de pluie te mouille le visage
Ou je confonds la larme que tu aurais versée
Si la larme n'était pluie.

Il fait froid. Il fait nuit.
Je rentre dans un chez moi qui n'est plus
Celui que je prétends être non plus.

Pour me sentir ni trop seul, seul à seul,
Ni trop étrange de l'étrange qui m'étrangle
Ni trop perdu du temps qui me prends,
Je chantonne encore cette vieille rengaine,

"Que Sera, Sera,
Whatever will be, will be
The future's not ours, to see
Que Sera, Sera
What will be, will be."

©2010 Marwan Elkhoury