Friday, November 27, 2009

Je me rappelle, je me rappelle encore

Je me rappelle, je me rappelle encore
Nos larmes froides à la tombée du jour
À l'image de nos ombres sombrant
Dans le sombre de nos jours.

Je me rappelle, je me rappelle encore
Les débats au coin du feu, les ébats sur la plage,
Les promenades, l'été, sur les neiges d'alpage
Et nos baisers furtifs sur les glaces d'aurore.

Je me rappelle, je me rappelle encore
Nos rires fous dans les fumeries d'opprobre
La boule noire et crépitante alors
Nous éclaboussant de tous ses feux.

Et qu'est-ce qu'on fait maintenant
Rien de plus que ce qu'on ferait après
Et qu'est-ce qu'on fait après ?
Je ne sais pas
Ce qu'on a toujours fait après
C’est-à-dire quoi ?

Tirer les cartes, je présume,
Rien de plus que ce qu'on fait maintenant
Tiens, je vois ici un cavalier en flammes
Bravant l'empereur sur une roue de fortune,
Il a une marque rouge sur le front
Mais il se porte fier comme un charme.

Mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Je ne sais pas
Ce qu'on a toujours fait maintenant
C’est-à-dire quoi ?
Rien de plus que ce qu'on a toujours fait
Mais encore ?

Tirer les cartes, je présume,
Tiens, voici le diable habillé en Isis,
Une impératrice diaphane aux boucles d'or
Tombant sur ses yeux de lapis
Elle regarde le reflet du bel Adonis
Sur la rive éclairée de lune.

Je me rappelle, je me rappelle encore
Le jour dans la nuit, le soleil dans la pluie
L'amour dans la haine, le mou dans le ferme
Le calme dans la tempête, la cruauté dans le cuit
L'ouvert dans le clos, le chaos dans le chaos

Parce que je veux oublier
Le futur qui est dans le présent
Parce que je veux oublier
Le passé qui est dans le présent
Je m'offre des présents d'oublis
Pour me donner la joie de moments sans soucis.

Je ne peux répondre pour les autres
Je ne peux payer pour les autres
Et pourtant, je paye pour les autres
Et cherche mes mots pour les autres
Pour ce qu'ils m'ont fait
Et ce qu'ils ne m'ont pas fait,

Mes ces mots ne peuvent rien pour les autres
Ni ces mots ne peuvent rien pour moi
Quoique ces mots me coûtent tant à moi.

Le ciel est troublé, les tapis persans
Rouge sang
Elle est joyeuse et fleurie
Recouverte de dentelle de Gand
Ses yeux chat et son sourire bleui
Lui donnent un regard tranquillement endormie.

©2009 Marwan Elkhoury

Thursday, November 12, 2009

Quand l'amour vous chasse, chassez-le

Je t'écris cette lettre
Du reste,
Tu ne veux plus me voir

Perdue que tu es
Dans des tristesses
Infinies
Qui te protégent,
Du reste,
De la tristesse
Du fini.

Je t'écris cette lettre
Vu que tu refuses toujours
De me voir
Oui, surtout,
Me dis-tu,
Quand tu me dis
Si je te dis,
Amour.

Tu dois te protéger
Me dis-tu,
De mes insistances tenaces
Qui sont,
Oui, des menaces

Certes, te dirais-je,
Oui, mais,
Bien des menaces
Mais des menaces
D'amour.

Je t'écris cette lettre
Du reste,
Je ne te l'enverrai jamais.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne sais rien faire d'autre.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne peux rien faire d'autre.

Je te l'écris
Car, hélas,
Je ne peux que,

Jour et nuit,
Je ne peux que
Penser à toi,

Jour et nuit,
Je ne peux que
Penser à toi,

Tu ne sauras jamais
Ni de mon vivant ni du tien
Que je l'ai fait
C'est à peine si de ma mort,
Tu en sauras bien plus.

Je ne te dirais jamais
Rien de ce que je pense
Du mal que tu m'as fait
D'avoir succombé,
En ce jour fatal,
À tes charmes fatals.

Des charmes, qui,
Du reste,
Ne méritaient Ni

Ni un tel acharnement
Ni un tel fourvoiement
Ni un tel dévouement
Mais ce fatal engouement.

Tu aurais pu,
Dieux,
Tu aurais du,
Cieux,

Jeter un regard
Un peu d'égards
Pour atténuer mes larmes.

Je respire l'air vicié
Du monde que tu as quitté
Et suffoque dans cette vie nié,
Car tu m'as délaissé.

Que demandais-je Eve
Qu'égards pour mes rêves
Avant d'expirer sur la grève.

Je me meurs
De ne pas te voir
Je me meurs
De ne pas avoir
C'est aussi bien, ma foi

Je n'aurais pu
Si longtemps souffrir,
Je n'aurais du
Si longtemps tenir,

Ni dans mon âme ni dans mon coeur,
Une telle absence,
Ni dans mon âme ni dans mon corps
Une telle abstinence.

Je t'écris cette lettre
Déjà d'un autre monde,
Car depuis que tu m'as quitté,
J'ai quitté ce monde,

Je t'écris cette lettre
Pour te dire encore
Que, dans cet autre monde,
Même,

Je pense à toi,
Et toujours à toi,
Je t'aime.

Je ne peux me délivrer
De cet amour de toi,
De cet amour pour toi,

Une nouvelle mort pour toi
Une nouvelle mort pour moi
Sans pour autant
Me délivrer de ce mal de toi,

Je me meurs
Un peu plus chaque jour,
À chaque jour pour toujours

Immuable, impérissable
Qu'est pour moi
La mort de t'avoir quittée.

Hélas,
Je ne peux
Ni faire ton bonheur
Ni faire le mien,

Hélas,
Je ne peux
Qu'en faire mon malheur,

Je suis déjà mort à ce monde
Et c'est bien mieux pour tout le monde
Et c'est avec malheur que je ferai le bien
En m'effaçant de ce monde et du tien.

Je ne sais où tu es,
Je ne sais si tu es
Mais ne peux que te souhaiter
Mon bien beau deuil
Ce bel éternel
Que j'ai à te faire.

©2009 Marwan Elkhoury