Je me rappelle, je me rappelle encore
Nos larmes froides à la tombée du jour
À l'image de nos ombres sombrant
Dans le sombre de nos jours.
Je me rappelle, je me rappelle encore
Les débats au coin du feu, les ébats sur la plage,
Les promenades, l'été, sur les neiges d'alpage
Et nos baisers furtifs sur les glaces d'aurore.
Je me rappelle, je me rappelle encore
Nos rires fous dans les fumeries d'opprobre
La boule noire et crépitante alors
Nous éclaboussant de tous ses feux.
Et qu'est-ce qu'on fait maintenant
Rien de plus que ce qu'on ferait après
Et qu'est-ce qu'on fait après ?
Je ne sais pas
Ce qu'on a toujours fait après
C’est-à-dire quoi ?
Tirer les cartes, je présume,
Rien de plus que ce qu'on fait maintenant
Tiens, je vois ici un cavalier en flammes
Bravant l'empereur sur une roue de fortune,
Il a une marque rouge sur le front
Mais il se porte fier comme un charme.
Mais qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Je ne sais pas
Ce qu'on a toujours fait maintenant
C’est-à-dire quoi ?
Rien de plus que ce qu'on a toujours fait
Mais encore ?
Tirer les cartes, je présume,
Tiens, voici le diable habillé en Isis,
Une impératrice diaphane aux boucles d'or
Tombant sur ses yeux de lapis
Elle regarde le reflet du bel Adonis
Sur la rive éclairée de lune.
Je me rappelle, je me rappelle encore
Le jour dans la nuit, le soleil dans la pluie
L'amour dans la haine, le mou dans le ferme
Le calme dans la tempête, la cruauté dans le cuit
L'ouvert dans le clos, le chaos dans le chaos
Parce que je veux oublier
Le futur qui est dans le présent
Parce que je veux oublier
Le passé qui est dans le présent
Je m'offre des présents d'oublis
Pour me donner la joie de moments sans soucis.
Je ne peux répondre pour les autres
Je ne peux payer pour les autres
Et pourtant, je paye pour les autres
Et cherche mes mots pour les autres
Pour ce qu'ils m'ont fait
Et ce qu'ils ne m'ont pas fait,
Mes ces mots ne peuvent rien pour les autres
Ni ces mots ne peuvent rien pour moi
Quoique ces mots me coûtent tant à moi.
Le ciel est troublé, les tapis persans
Rouge sang
Elle est joyeuse et fleurie
Recouverte de dentelle de Gand
Ses yeux chat et son sourire bleui
Lui donnent un regard tranquillement endormie.
©2009 Marwan Elkhoury
Lettre A Pierre
2 weeks ago