Saturday, October 31, 2009

Combien de tasses de café ou de thé bues ensemble

Combien de tasses de café ou de thé,
Bues ensemble, main dans la main,
À ne rien se dire de peur de se froisser le teint,
Mes yeux baignant dans le silence de tes traits.

Combien de verres de vin bus jusqu'à la lie
Pour étancher un amour sans vie,
Et effacer une vie
Sans amour de vie.

Combien de pincées de sels éparpillées,
Pour supporter la déchirure ou l'absence.
Combien de larmes de tristesse ou de rires accablés
Pour clore passion ou existence.

Combien de craintes de tout perdre
Pour accepter de ne pouvoir jamais connaître
Le fond d'un gouffre sans fond terrestre.

Combien de cigarettes brûlées
A brûler une vie,
Brûler son amour aux flammes du désir,

Combien de chairs caressées
Pour en oublier la chair
Et de lèvres embrassées
Pour que le souvenir de tes lèvres
Me colle à jamais
A ma peau desséchée.

Et de ces chairs et de ces lèvres vives,
Combien d'amours ai-je dû rencontrer pour en oublier l'envie,
Et combien d'amours eut-il fallu pour en regretter la vie
Et combien de vies eut-il fallu pour ne jamais en connaître la dérive.

Combien de mots avons-nous échangé avant de nous départir
Alors que le soleil déjà se couchait et ce lever de lune à peine pointait
Et combien de maux dussè-je subir pour composer cette répartie
Et combien d'étreintes n'avons-nous pas épargné pour en arriver là,
De caresses et de langoureux regards pour en être si las.

Et au-delà des lieux, et au-delà des cieux,
Sans pour autant que je ne cesse de t'aimer
Au-delà des lieux, je n'ai eu de cesse de t'aimer
Et au-delà des temps, et au-delà des dieux,
Même au-delà de moi, je n'ai eu de cesse de t'aimer.

Ces yeux qui furent faits pour te voir et qui ne voient plus
Ces lèvres qui furent faites pour t'embrasser et qui n'embrassent plus
Ces bras qui furent faits pour t'étreindre et qui n'étreignent plus,
Ne sont plus rien pour mon moi si seul.

Ces mains qui furent faites pour te caresser et qui ne te caressent plus
Ces couches qui furent faites pour t'accueillir et qui ne t'accueillent plus
Sont devenues pour ce corps délaissé un linceul.

En regardant là-haut tout là-haut dans l'espace
Tous ces oiseaux qui traversent le grand ciel et disparaissent
Je me rappelle que la vie, heureusement, n'est qu'une brève détresse
D'une furtive éclosion à l'inéluctable trépas.

©2009 Marwan Elkhoury

Monday, October 26, 2009

Noces

Tu ne m'apparais plus qu'à la clarté de la lune
Quand baignent les nuits de soupirs tumultueux.
Tu m'enlaces alors de tes bras nerveux
Pour me lover dans le sourire des dunes.

Je me baigne dans la lumière de tes yeux
Ta chevelure nuit me porte vers les dieux,
Tes seins fermes me nourrissent de bleus
Et tes lèvres vermeilles étanchent ma soif des cieux.

Je m'arrime à tes élans de bonheur,
Pour accoster aux rives du malheur,
Dans la solitude et l'oubli des heures.

De la conscience de l'espoir
Au tragique de la nuit noire,
J'en accepte le triste sort
Tout comme la légèreté de ma mort.

Ô, évanescents moments,
Figements d'un passé présent,
Abolissant passés et présents,
Aux abords de temps déments.

Chaque amour, une promesse de vie,
Me ramène aux déversoirs du Styx,
Tout en passant par maintes effusions mystiques.

Exilé du souvenir, je suis un immigré de l'amour.
Les ruines me rappellent la fin des temps
Comme les rives aux fils de tant de jours.

Les choses s'en retournent
Aux souvenirs d'elles-mêmes
Sans même en avoir jamais eu
Ni conscience, ni connaissance même.

Nous n'avons de permanent,
Que cet éternel absent,
De cet instant inexistant,
Qui fait notre fière existence.

©2009 Marwan Elkhoury